Max Lanci

Les Immobiles

du 18 février au 8 mars 1997


Max Lanci


né en 1959 à Paris
atelier : 3bis rue Carpeaux
75018 PARIS
01.46.27.48.21

Parcours
1977-85Études (licences en arts plastiques et en musicologie, maîtrise en sociologie, Institut d‘Études Politiques de Paris, ESSEC) et activités de subsistance
1985-89Journalisme, publicité, management d‘un orchestre à cordes
1989Engagement dans la création seule
Expositions personnelles
1993Gordes, Vaucluse
Exposition pour le 20ème anniversaire de l‘ESSEC à Cergy-Pontoise
1995Strophes du Poème et Petits Effacements, Librairie Le Bateau Ivre, Paris
Oeuvres à dévorer, restaurant La Bergamote, Paris
Paradiso e poi ?, CNIT, Paris-La Défense
Entre chien et loup, Centre La Jonquière, Paris
1996Des pieds et des mains, Galerie La Caserne, Paris
Situations épineuses, Galerie La Caserne, Paris
1997Les Immobiles, Galerie du Haut-Pavé, Paris
Expositions collectives
1991Saint-Gengoux-le-National, Bourgogne
1992Librairie L‘Harmattan, Paris
1995Salon de la Jeune Peinture, Paris
1996Salon de Chevry-Cossigny
1997Galerie La Caserne, Paris
Collaborations récentes
1993Église de Jumilhac-le-Grand : quatre peintures murales monumentales
1994Cathédrale de Dijon : restauration de l‘Autel de la Vierge
1995Cathédrale de Dijon : ensemble monumental de vitraux en trompe-l‘oeil


Tête, mai 1996
Paraffine, épines de rosier, cordelette, 25x21x19 cm


Dans la mythologie personnelle de Max Lanci, la Weltesche, le Frêne du Monde, est un tilleul qui poussait sur la place du village de son enfance bourguignonne. Ce n‘est pas un Wotan désabusé et désespéré qui le fit mettre en morceau, mais un édile soucieux de faciliter le stationnement des véhicules automobiles. Du bûcher de ses décombres ne surgit pas la Götterdämmerung, Crépuscule des Dieux, rédemptrice pour l‘espèce humaine, mais une sculpture, Cage et Oiseau, qui passe le temps entre deux expositions dans un sac en matière plastique portant la marque de la grande surface du coin...
Les chemins de la vie sont bordés d‘épines, nous rappellent les moralistes étriqués. Ceux de Max Lanci en sont dépourvus. Toutes les épines des roses de la vie, il les a ramassées pour servir de matériau de base à de curieuses métamorphoses (Metamorphosen, étude pour vingt-trois cordes solistes, 1945, de Richard Strauss). Il les transforme en barreau d‘une échelle de Jacob (Die Jakobsleiter, 1922, d‘Arnold Schönberg), brune et périlleuse, qui mène sans aucun doute à la découverte des Couleurs de la Cité Céleste (Olivier Messiaen, 1963)...
Les demoiselles de Max Lanci ne sont pas d‘Avignon... Encore que... Elles se prélassent sur des balançoires... Des balançoires immobiles suspendues à des filins brodés d‘épines de rose. Les demoiselles ont le coeur tendre, en paraffine. Un coeur si gros qu‘on ne voit plus que lui. Mais un coeur double. À moins que ce ne soient des genoux sur lesquels un jupon noir a laissé des traces de charbon... Les demoiselles de Max Lanci ne sont peut-être pas des demoiselles sortables. Leurs fréquentations sont suspectes. On y compte des négociants en talismans, des écolos ludiques, des fabricants de pièges improbables, des charbonniers sans foi, des recolleurs de fragments de réalité, des élagueurs de platanes bourguignons, des brûleurs de planches... Et bien d‘autres encore qui feront probablement le déplacement à la Galerie du Haut-Pavé...

Louis Doucet, décembre 1996


Stabiles ? Une présence tendue dans l‘espace, ponctuation remarquée de l‘apesanteur, tel un index désignant la terre. Les immobiles. Il y a bien quelque chose de terrestre dans ces sculptures où une absence de mouvement marque, par l‘équilibre des masses, le poids de l‘immobilité.
Dans cet état suspendu du non-mouvement, l‘apesanteur résonne comme vecteur de tranquillité, de sérénité. Une apaisanteur. Des masses peu colorées, silencieuses qui semblent s‘engouffrer dans la terre. Les Élégies.
La terre, donc, vers laquelle les corps glissent de manière inexorable. Corps incandescent, le charbon (de terre) qui se devine au coeur de la paraffine, masse opaque semblable au linceul.
Cierge mis en lumière, où vacille l‘imprévisible d‘une manière presque imperceptible. Dans les reflets changeants qui s‘y dessinent transparaît le mouvement. Paradoxe subtil pour ces immobiles.
Construction méthodique de corps fragmentés, collectés puis assemblés. Branches atrophiées, calcinées. Une mêlée rationnelle que les noeuds cherchent à conserver. Reliquaire où, là encore, charbons et cendres dominent.
Puis s‘approcher des lignes d‘épines de rosiers, ailerons marins qui suggèrent aussi le mouvement. Un assemblage fragile. Une écriture aiguë comme pour préserver l‘immobilité.

Julie Leguay, décembre 1996


[...] car ta main ne saurait récolter des épines, quand ton esprit a toujours été habitué à cueillir des fleurs

Cennino Cennini, Il libro dell‘arte

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