Marine Joatton

"les encombrants"

du 11 mai au 5 juin 2004


Marine Joatton


Née en 1972 à Paris
Vit et travaille à Paris
49 rue d‘Orsel
75018 PARIS
01.42.62.62.16 / 06.10.78.40.90
marine@joatton.com
www.joatton.com

Formation
2003Résidence de deux mois au Centre de sculpture de Montolieu, Aude
2002École de Sarkis, Musée d‘art contemporain de Lyon, 10 mai 2002
2001Diplômée de l‘École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris
2001Échange en Thaïlande à l‘université de Silpakorn, Bangkok (novembre 2000 - mars 2001)
1995Duncan of Jordanstone College of Art, Dundee, Écosse (1995 — 1997)
1992Diplômée de l‘Institut d‘Études Politiques de Paris
Expositions personnelles
2004les encombrants, Galerie du Haut-Pavé, Paris
2001bêtes thaïes, centre d‘art de l‘Université Silpakorn, Bangkok
Expositions collectives
2003Aberration, écart par rapport à l‘espèce type, Centre de sculpture de Montolieu, Aude
2003Participation à la proposition de Marcel Wallace pour Paris Project Room à la ménagerie de verre, Paris
2003Les bêtes chez Arthus-Bertrand, avenue Victor-Hugo, Paris
2002La vieille dame de pin rejoint la collection de la Maison de l‘Art Vivant, Buis-Les-Baronnies, Drôme
2001Dans le cadre de Dessins en coursŒ aujourd‘hui à l‘École des beaux-arts, exposition de dessins état des bêtes à la galerie du quai Malaquais de l‘Ensb-a, Paris
1997Mayfly, sculpture, Dundee, Écosse
Publications
2003Parution des bêtes, dans la revue Le Bout des Bordes de Jean-Luc Parant, publiée aux éditions Al Dante
2001La volupté cache sa défaite, porte-folio de lithographies, ouvrage collectif imprimé à l‘atelier de lithographie de l‘Ensb-a, à Paris et à l‘atelier-éditeur de St-Christol de Rodières
1999De toute façon, on est près du bord, recueil de textes, en collaboration avec l‘atelier d‘écriture animé par Pierre Tilman et publié aux éditions de l‘Ensb-a, Paris


Les bêtes de Marine Joatton
Les bêtes de Marine Joatton ne sont plus des poissons qui nagent dans l‘eau, des serpents qui rampent sur la terre, des oiseaux qui volent dans l‘air. Elles sont devenues d‘autres animaux pour un autre élément, un élément inconnu sur la terre. Comme si Marine Joatton était en train de faire naître de nouveaux animaux et d‘inventer un nouvel élément.
En les faisant s‘entre-dévorer et s‘entre-accoupler*, Marine Joatton les fait se reproduire et se multiplier en une infinité de combinaisons jusqu‘à faire naître une nouvelle espèce animale dans laquelle se trouvent tous les animaux réduits ou grossis à la même taille. Il n‘y a plus de petits animaux comme la souris ni de gros animaux comme l‘éléphant. Pour les faire entrer les uns dans les autres et les faire s‘accoupler entre eux, Marine Joatton modèle tous ses animaux à la même échelle, comme si le monde dans lequel elle les fait exister ne comportait plus d‘espace pour des animaux plus petits ou plus grands, mais un seul espace pouvant contenir toutes les tailles. Ces animaux ne sont plus petits ou grands pour occuper les distances les plus lointaines ou les plus proches de l‘espace, ils n‘ont qu‘une seule taille, comme il n‘y a qu‘une seule taille humaine, parce qu‘ils sont parvenus, dans leur nouvel espace, à se projeter à toutes les distances comme l‘homme avec ses yeux se projette à l‘infini.
Comme si les nouveaux corps des animaux nouveaux de Marine Joatton étaient des yeux capables de grossir et de réduire le monde infiniment, des yeux ouverts sur l‘espace sans fin des yeux voyants de Marine Joatton.

Kristell Loquet et Jean-Luc Parant, mars 2004

Les objets de Marine, sculptures d‘accidents minuscules, dessins (qu‘elle appelle dessins génération spontanée pour dire que ça se fait tout seul) ne sont pas très éloignés de ces constructions animales qui pourtant ne doivent rien à l‘art: toiles d‘araignées, nids, tissages, cocons... ou encore des images que l‘oeil s‘amuse à reconnaître dans les objets naturels.
Ces formes présentes dans le bois, la pierre, ou même la moquette quand celle-ci n‘est pas trop récente, le regard les attrape et ne peut plus s‘en défaire, elles ont une manière obsédante d‘apparaître, comme si la ressemblance se situait au fond de l‘oeil et pas dans les choses extérieures. Marine, en retravaillant ces taches, ne fait que continuer le jeu d‘associations, d‘une forme qui en appelle une autre, procédé qu‘on retrouve dans les oeilletons, quelque part entre une trouvaille d‘atelier (ce sont des petites photos d‘encre diluée dans le hasard) et un test de Rorschach pour taupes.
La rage de gribouiller obscurément comme on jette un sort, ces feuilles grattées, griffées, fouillées, et qu‘on dirait marquées de patte d‘animal plutôt que par la main de l‘artiste, dessinent le territoire d‘un cauchemar rose bonbon, où quelque chose de qualité animale s‘exprimerait sur le papier.
L‘angoisse de la marmotte dans son terrier pourrait être un bon moyen de se représenter le travail minutieux et obsessionnel de Marine, ce concentré de mauvaises humeurs (au sens de sécrétions animales), l‘instinct distrait et halluciné d‘une bête enfouie qui, s‘efforçant d‘effacer à la gomme les traces de son passage pour se faire oublier, n‘arriverait qu‘à se découvrir un peu plus.

Henri Bordes

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