Sylvie Guiot

"Demain est hier"

du 3 au 28 octobre 2000


Sylvie Guiot

Née à Nantes en 1963
39 boulevard de Strasbourg
75010 PARIS
01.48.00.00.30
Fax: 01.48.24.34.99
sylvieguiot@orange.fr

Formation
École des Métiers d'Art (Olivier de Serres)
Exposition personnelle
2000Galerie du Haut-Pavé, Paris
Expositions de groupe
1997Galerie Lietuvos Aido, Vilnius
1996Jeune Peinture, Paris
Salon de Montrouge
Courant d'Art, Deauville
1995Jeune Peinture, Paris
Résidence
1997Résidence en Lituanie


Sur les toiles de Sylvie Guiot, les couleurs se juxtaposent. A chacune sa bande, large et haute, comme déroulée en longueur. Aucune cependant ne rayonne singulièrement, l'une après l'autre, parce que le coup d'oeil les fait réagir entre elles, simultanément.
Toutes résultent de la superposition de différents pigments. Mais la peinture semble d'une épaisseur ténue et cette ténuité-là est aussi bien celle du mélange des couleurs. Elles semblent se dissoudre les unes dans les autres, comme s'il s'agissait à chaque fois de ne retenir d'elles qu'une simple condensation. Chaque couleur s'évapore ainsi dans celle qui vient après. Elle s'y imprime furtivement, transparaissant selon le temps qu'on lui prête et au gré de la lumière. Ce jeu de transparences multiples et de passage des nuances révèlent alors la durée d‘une peinture qui au premier regard pourrait se donner comme instantanée. Tramée par le dépôt de la lumière, elle l'est aussi bien par le dépôt du temps.
Les bandelettes roulées stratifient à coup sûr des couches de couleurs. Leur épaisseur n'est faite que de cela : de petites bandes de feutrine cousues les unes à la suite des autres. Reste qu'ainsi roulées, les couleurs ne semblent se stratifier que pour mieux se mêler. Elles s'entrecroisent, dans des superpositions aléatoires, au lieu de se succéder de manière nettement repérable.
"Il y a une grande mobilité des strates. Une strate est toujours capable de servir de substrate à une autre, ou d'en percuter une autre, indépendamment d'un ordre évolutif" (Deleuze). Ainsi si quelque chose a lieu, c'est-à-dire se déroule dans ce travail, c'est la couleur sous l'angle de ses percussions et de son brassage. Il n'est qu'à regarder s'étaler le drap-patchwork, qui, peut-on penser, lève le voile sur le temps de la peinture.
Les étapes se déroulent sous vos yeux. Les couleurs appliquées les unes après les autres sur chaque pan de toile s'étalent en petites touches éparses, mais forment à nouveau un temps diffus, recomposé, sans linéarité puisque les morceaux de tissu s'accumulent en spirale. Sur ce drap à rallonge, work in progress, les époques se télescopent autant que les couleurs. Il n'a ni début, ni fin et perd en quelque sorte le sens de son origine. Il joue en continu les déroulements de la peinture en les inversant en tout sens. C'est qu'elle-même ne se stratifie guère de manière compacte, ses couches lumineuses ne travaillent qu'à se rendre transparentes les unes aux autres, comme pour défaire leur minutieux et fragile ordonnancement.

Judicaël Lavrador

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