Sébastien Dartout

"Ce monde vu non plus de l'homme, mais en l'ange, est peut-être ma vraie tâche..."

Rainer Maria Rilke

du 7 juin au 2 juillet 2011


Sébastien Dartout

Né à Aubenas en 1980
8 rue Lagille
75018 PARIS
06 29 56 55 97
sebastien.dartout@gmail.com
Licence de Géographie, Université Paul-Valery – Montpellier 3

Expositions personnelles
2011Ce monde vu non plus de l’homme, mais en l’ange, est peut-être ma vraie tâche..., Galerie du Haut-Pavé
2009Chapelle des Salleles, Saint-Mau­rice-d’Ibie (Ardèche)
2008Galerie Brousse, Montpellier
2006Hôtel de ville, Vallon-Pont-d’Arc (Ardèche)
Expositions collectives
2008Salon d’art contemporain, Montpellier
2006UNESCO, ville d’Alès

Sébastien Dartout
Sans titre, 2010
33 x 22 cm – Acrylique sur toile

Sébastien Dartout
Sans titre – Triptyque, 2010
56 x 24 cm – Acrylique sur toile

Sébastien Dartout
Sans titre, 2010
70 x 50 cm – Acrylique sur papier

Sébastien Dartout
Sans titre, 2010
85 x 62 cm - Acrylique sur toile


Notre époque est incertaine et confuse à bien des égards, en politique comme en art, la création contemporaine n’échappant pas à l’esprit de notre temps. Dans cette confusion actuelle, si médiocre, qui empêche toute émotion sincère, l’œuvre d’art est en train de perdre son sens. C’est dans ce contexte, sans doute, que le travail de Sébastien Dartout doit être apprécié à sa juste mesure. Ses œuvres ont le mérite de nous rappeler qu’avant de produire une marchandise de divertissement, la peinture est avant tout un métier, une pratique, un savoir-faire ; et le peintre, encore à notre époque, peut être un artisan au service de son art. La noblesse qui caractérise son travail est justement celle qui s’applique à produire une peinture attentive aux aspects de ce métier.
Sébastien Dartout vit et travaille... On peut qualifier sa peinture la plus récente «d’abs­traite». Ses toiles fonctionnent de manière générale à partir d’une disposition de plans ou de bandes de couleurs noires/blanches sur un fond homogène. Mais le geste de Sébastien Dartout tranche avec la peinture française – abstraite et formaliste – des années 1970. Ce dernier ne remet pas en cause l’espace pictural, la profondeur et le champ. Lui-même parle d’une «ligne d’horizon» qui structure constamment ses toiles. L’agence­ment des couleurs et le chevauchement habile des plans caractérisent également un espace dans lequel la couleur est comme «en suspension», présence à la fois précaire et énigmatique. Certaines toiles tendent d’ail­leurs à une saturation totale de l’espace, mais Sébastien Dartout n’a pas franchi cette limite pour l’instant.
Son œuvre nous confronte donc à la construction d’un espace singulier, qui ne cesse d’évoluer. Une tension porte cette évolution, qui oscille entre rupture et continuation. Certaines séries paraîtront accentuer une géométrisation des formes, une composition marquée par l’horizontal et le vertical. D’au­tres auront un aspect plus sériel, comme c’est le cas sur certaines toiles où se disposent en alternance des bandes horizontales asymétriques de noir et de blanc, de façon presque répétitive. D’autres enfin, présenteront des formes plus arrondies, aériennes et poétiques, que l’on pourrait rapprocher de certaines compositions de Jean Arp.
Sébastien Dartout nous propose ainsi des approches différentes, une remise en question constante du regard et de notre rapport à l’œuvre. Sa peinture est une «peinture de situation», qui s’accommode très mal d’une quelconque reproduction sur papier. Pourtant, cet «aspect changeant» n’a pas à être considéré pour lui-même. Le fil directeur de son travail renvoie à un effort d’épuration. Lors d’une discussion, à propos de son travail, une phrase a particulièrement retenu mon attention : Sébastien déclarait qu’il faisait de la peinture par «abandon», abandon de la couleur, de la figuration. Il semble que la peinture de Sébastien Dartout tente en effet de saisir ou d’approcher un langage universel, le langage universel du visuel, qui préside à la diversité du motif. Sa peinture est-elle une peinture véritablement abstraite ? N’est-elle pas au contraire la figuration même de l’architecture invisible du monde sensible ? Il y a une angoisse du peintre devant le motif qui ne cesse de se transformer et de lui échapper. Mais cet aspect insaisissable, cet écoulement général de toute chose, n’est probablement qu’une façade, la tâche du peintre consistant alors à nous faire voir une réalité autre. La forme du triptyque, si importante chez Sébastien Dartout, n’est-elle pas cette tentative de saisir dans le changement et la variation l’unité de toutes choses ? De la même façon, la présence si marquante du blanc et du noir, ne renvoie-t-elle pas à la simplicité structurante de ce langage universel ? Les médiévaux avaient d’ailleurs pressenti que toutes les couleurs naissaient d’un mélange originel de blanc et de noir. Incontestablement, il y a un caractère «spirituel» dans cette peinture. La vision de l’œil devant peut-être se prolonger par la vision de l’esprit. Plotin disait déjà que «nous ne voyons pas la beauté tant qu’elle est extérieure, mais elle nous affecte quand elle devient intérieure. Et, de fait, seule la forme pénètre grâce aux yeux.» Mais attention, c’est le philosophe ou le critique qui parle ici. Il faut sans cesse revenir devant la peinture, c’est seulement là, que la toile peut faire sens et nous apporter une émotion sincère et authentique.

Antoine Bioulès, mai 2011

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