Guillaume Constantin

pièces détachées

du 25 février au 22 mars 2003


Guillaume Constantin

Né en 1974
19 bd de Belleville
75011 PARIS
06.22.40.76.94 / 01.49.23.43.10
guillaume.constantin@free.fr

Formation
1999-2000DNSEP obtenu à l‘ÉNSB-A avec les félicitations du jury, atelier Richard Deacon.
1997-1999DNSAP, École Régionale des Beaux-Arts d‘Angers.
1994-1997DNAP, obtenu avec mention.
Expositions personnelles
Mars-avril 2003corps et biens, Espace Saint-Eman, Chartres.
Février-mars 2003pièces détachées, Galerie du Haut Pavé, Paris.
Expositions collectives
Février/mars 2003Jeune Création, la Villette, Paris.
Janvier/février 2003avec Jean Marc Savic, Galerie le Ô de Drôle D‘Organe, Nantes.
Juin/juillet 2002équipements, Galerie du Centre Cuturel Colombier, Rennes.
Février 2002à usage personnel — Jeune Création, la Villette, Paris.
Mai/juillet 2001sincères félicitations, exposition des félicités, ÉNSB-A.
Mai/juin 2001Résidence 2001, Centre D‘Art Sacré Contemporain, Pontmain.
Juin/juillet 20002 en 1, l‘expérience d‘une limite Art/ Design, École Régionale des Beaux-Arts d‘Angers.


restes, 2001, sculpture.
Chewing-gums, faïence émaillée.


sans titre, 2002, sculpture.
Carton relié, 15 pages, support en médium.


sans titre, 2003, sculpture sonore, réalisée en collaboration avec Arnaud Rivière.


Déplacements
On ne se débarrasse pas si facilement d‘un corps. Un corps, c‘est encombrant. C‘est là sa première qualité. Et l‘art ne se débarrasse pas non plus, à si bon compte, du corps. À peine évacué, il revient mais à travers des images appauvries, trivialisées. C‘est que le corps est pris dans une histoire, un récit et des codes de représentation. Cette histoire est constitutive d‘une partie du corps lui-même. Aussi, pour s‘en défaire, il ne suffit pas de les nier, moins encore de les ignorer, mais il faut jouer avec. C‘est à cette condition, seulement, que la représentation du corps évolue, dans un léger déplacement latéral : le corps est étranger à toute idée de progrès.
Autrefois, Guillaume Constantin a façonné des dents en chewing-gum, des cerveaux de pain — une façon de prendre déjà ses distances et de dire pudiquement la fragilité de son sujet. Désormais, nous ne trouverons plus d‘images directes ni de formes explicites. Le corps sera objectivé, autant que possible, et approché par son détournement même. Et parce qu‘il se présente comme unité, le corps ne sera saisi que par tronçons ou morceaux. C‘est l‘unique manière de respecter cette entité et d‘assigner au spectateur une place qui convienne pour regarder. On peut aussi, plus prudemment, le déplacer vers un autre objet. Pour ce faire, Guillaume Constantin utilise des objets mobiliers. Des porte-couverts en lieu et place d‘avant-bras, par exemple. Non seulement les objets sont des prolongements du corps, mais il existe une profonde affinité entre eux et le corps, un écho à la dimension instrumentale du corps, davantage perceptible lorsque celui-ci est en situation de crise — postures difficiles ou situations de dysfonctionnement.
Ne surtout pas s‘appesantir, suggérer plutôt que souligner. Guillaume Constantin revendique l‘autonomie de ses volumes. Une commode, (dé) placée au milieu d‘une pièce, produit des effets sonores aléatoires — répétition et variation. Elle montre sa construction, ne cache rien de son assemblage improbable de polystyrène et de bois. Elle évoque le mobilier de style Louis XV, avec ses courbes et contre-courbes généreuses. C‘est du corps qui s‘est déplacé vers un meuble — un volume sonore, comme si l‘organique ne pouvait être tout à fait silencieux.
Sculpteur, le dessin occupe chez lui une place importante, comme ébauche bien sûr, mais aussi comme production autonome. Des dessins-volumes tracés au ruban correcteur sur carton comme des sculptures en deux dimensions. Des dessins à l‘encre blanche, d‘une belle matité, tracent des sutures, soudures, coutures pour faire lien entre les diverses facettes. Une sculpture-livre, composée des contre-formes d‘un jeu de construction pour enfants, est posée sur un pupitre — la lecture tient aussi à une posture. Un jeu de strates où l‘on retrouve des formes récurrentes mais déclinées. C‘est un livre de vide : un corps — un récit ? une fiction ? — absenté, voué à une autre utilisation, convoqué par ses contours, un nouveau détournement. Le corps n‘est jamais si bien convoqué que par son absence, comme le montrait déjà, de façon plus explicite peut-être, un sarcophage vide.
Si Guillaume Constantin aime déplacer sans cesse son sujet et les moyens qu‘il se donne pour l‘entreprendre ou l‘entretenir. Ce n‘est pas par plaisir de déconcerter mais parce que c‘est dans ce déplacement seulement, qu‘à ses yeux, désormais, le réel peut être convoqué, non par une image, moins encore une métaphore, mais par une méthode. Cette dernière garantit un écart suffisamment grand pour recevoir ses propositions. Ni ironie, ni dénonciation, ni romantisme, mais une mise à distance critique, dépourvue de naïveté, qui permet de recevoir et de partager, peut-être, un lieu commun du corps.

Olivier Delavallade, février 2003

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