Samuel Aligand

"Tropismes"

du 25 avril au 20 mai 2006


Samuel Aligand

Né le 20 janvier 1979
18 rue de l'Armée-d'Orient
75018 PARIS
06 10 46 30 47.
samuel.aligand@neuf.fr

Formation
2003Obtention du DNSEP avec les félicitations du jury (Présidente du jury, Mme Anne Tronche), École Nationale Supérieure d'Art de Paris Cergy
2001Obtention du DNAP avec les félicitations du jury, École Nationale Supérieure d'Art de Paris Cergy
2000Séjour de trois mois à la Wimbledon School of Art, Merton Hall Road, Londres.
1997-98Préparation aux concours d'entrée des écoles d'art, École municipale des Beaux Arts Edouard Manet - Gennevilliers
Expositions
2006«Tropismes», Galerie du Haut Pavé, Paris
«Amorce», projet de l'association Néphile, Cinéma Le Barbizon, Paris
2005«Ectoplasmes», Où, lieu d'exposition pour l'art actuel, Marseille
«Flirt», projet de l'association Néphile, Mouv'art, Auxerre
«Hors taxes», rencontre de l'atelier d'Anne Rochette de l'ENSBA et de l'Arc Porosités de Catherine Lobstein et de Claire Roudenko-Bertin de L'ENSAPC, La Vitrine, Paris
2004«A plus», une sélection d'artistes de Jeune Création expose chez Kolonie Wedding, Berlin
«Aérobiose», Galerie 2.13 PM «Hors les murs», Paris
«Jeune création», Grande Halle de la Villette, Paris
2003«A vos souhaits», rencontre de l'atelier d'Anne Rochette de l'ENSBA et de l'Arc Porosités de Catherine Lobstein et de Claire Roudenko-Bertin de L'ENSAPC, Café reflets à Cerise, Paris
«Bienvenus», commissaire de l'exposition : Pierre Gicquel, La Vitrine/Glassbox, Paris
«Paraphernalia», ateliers croisés entre les Ecoles d'Art de Cergy et de Bourges, Bandits-mages, La Galerie du Haidouc, Bourges.
Résidences
2004Triangle France, Friche de la Belle de Mai, Marseille.
2003-04Résidence d'artistes à l'Hôpital de Bligny, 2 week-ends + exposition
Expérience professionnelle
2004-Assistant spécialisé d'enseignement artistique, Le Pavillon, ateliers municipaux d'arts plastiques de la ville de Pantin
Autres
Association Néphile - Création d'interventions artistiques dans l'espace public et privé de l'Île-de-France. http://www.nephilenet.org/.


Fonds, thermoplastique et pigments, diamètre 30 cm, 2006


Formes pensées, mine de plomb sur papier, 30 x 30 cm, 2006


Concetti, encre de sérigraphie sur PVC, 150 x 122 cm, 2006


Concetti, encre de sérigraphie sur PVC, 150 x 122 cm, 2006

Au fond, et à première vue, le travail de Samuel Aligand peut être considéré comme mouvement perpétuel entre haut et bas fond. D'entrée, Les Fonds sont présentés en vitrine haute, et peu à peu coulent à fond jusqu'à toucher le fond au niveau du sol. Mais que sont-elles, ces calottes barbouillées d'ébullitions polychromes ? Ce sont des fonds de sauce, qui après refroidissement sont décollés de récipients ayant permis la cuisson de pigments colorés et de pains thermoplastiques. C'est ainsi que l'artiste touche le fond de la marmite pour inverser de fond en comble cette concavité hasardeuse et la métamorphoser en «récif corallien» à la convexité hésitante d'un «masque grotesque».
L'exposition Tropismes ouvre l'espace à une croissance de formes constitutives de la peinture/matière devenue volume, fonds perdus récupérés en fonds de réserve. Mais en allant au fond des choses, se découvre alors une pellicule translucide en flottaison sur le dôme. Cette expansion horizontale semble vouloir remonter à la surface, jusqu'à la vitrine ouverte sur un fond de paysage : flot de circulation coulant le long des quais de Seine. Et c'est ainsi que ces Fonds, paradoxalement introduisent des croissances dans l'espace qui vont révéler plus avant les arrières fonds d'une pensée en mouvement : Tropismes.
«Nulle part ni jamais la forme n'est résultat acquis, parachèvement, conclusion. Il faut l'envisager comme genèse, comme mouvement. Son être est le seul devenir et la forme comme apparence n'est qu'une maligne apparition, un dangereux fantôme.» Paul Klee Théorie de l'art moderne.
En apparente contradiction avec ces fonds, les Formes pensées accrochées sur le mur dialoguent avec le sol à fond perdu. Samuel croise des gestes courts sur de petites feuilles carrées (30x30cm), par frottements successifs d'une mine de plomb couchée et roulée sur le support. Cette fois, s'opposant à la polychromie aléatoire des Fonds, ces Formes pensées sont totalement maîtrisées au centre de chaque carré, par superposition de traces grisées dont les valeurs s'assombrissent par accumulation de gestes, tout en laissant planer le doute de brumes, encore une fois translucides.
Au sol des volumes semi sphériques écorchés, polychromes et contrastés. Au mur des passages ombrés sur supports plats et carrés, monochromes et nuancés. Le parallélisme biaisé entre le baroquisme des volumes et l‘économe austérité des dessins force les contradictions mais rassemble les oeuvres dans une expression commune de flottaison. Dans les deux cas, la confrontation entre objets bouillonnants et épures dessinées évoque l'idée de force et mouvement. «L'esprit des formes» se pense en apparitions d'ombres croisées, formées par des gestes automatiques et aléatoires, mais en bonne et due forme, retenus par le concepteur. À nouveau paradoxalement, Samuel assimile et oppose la forme au fond, le contenu au contenant.
C'est alors que la fête peut commencer avec les Concetti ! Quelques grandes peintures dressées verticalement donnent à voir de savoureux glissements d'encre pour la sérigraphie sur un espace blanc. Quelques cercles rouges qui peuvent évoquer des empreintes de pots de peinture (fonds?) flottent aussi dans l'espace en dépit de trajectoires rigoureuses qui cadrent le hasard ou dirigent les glissades. Des confettis d‘encre éclaboussée, sans retenue, aux couleurs vives, peuvent être confrontés à un linéaire noir et implacable. L'artiste laisse échapper son désir d'aventure tout en affirmant sa volonté de constructeur.
Le concept général de l'exposition peut être lu maintenant en parcourant l'horizontale de dessins alignés côte à côte, chacun chez soi et pourtant en communication globale. Ces Concetti sur papier sont attaqués individuellement par l'extérieur. Le peu d‘espace qui les sépare permet aux lignes qui les traversent de conquérir le vide qui les entoure, tout en permettant au regard de s'inventer un parcours panoramique.
Le regardeur, à son tour en mouvement, est invité à croître dans l'espace de l'exposition/ installation par l'artiste/scénographe qui le guide dans le labyrinthe de ses doutes et de ses paradoxes : Tropismes !
Il peut maintenant partager avec lui ses propres interrogations: «Les formes pensées sont, au travers du geste, les matérialisations sensibles, flottantes et transparentes de ce qui me traverse l'esprit». Le dernier mot revient à Samuel Aligand, et merci pour cette traversée spirituelle.

Bernard Point, 21 mars 2006

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